Acheter au son du canon : prise de décision d’investissement dans le secteur de l’uranium

“Acheter au son du canon” est un vieil adage boursier que j’apprécie particulièrement. Bien sûr, il faut le manier avec discernement, car, acheter quand tout va mal présente le risque que la situation empire encore au point de provoquer la faillite de l’entreprise que l’on a choisi, et donc de tout perdre ou bien qu’une entreprise décôtée reste durablement au plus bas. Mais comme vous le savez, pas de profit sans risque. Le tout, c’est de bien gérer ce risque…

Je vais profiter de cet article pour, non pas vous donner un conseil d’achat, mais vous donner un aperçu de mon raisonnement en matière d’actions.

1. Se fixer des hypothèses

Je pars sur l’hypothèse suivante: le marché action ne va pas chuter, par contre une période de correction est probable OU l’embellie boursière va se poursuivre encore cette année. Autrement dit, n’importe quel scénario global est valable sauf une nouvelle crise comme en 2008. Je pense qu’il y aura une étape clé au moment où le QE2 de la Fed prendra fin (ou sera remplacé par un QE3 ?), donc en juin…

D’autre part, je suppose que l’accident nucléaire de Fukushima ne va pas nettement s’aggraver. Autrement dit, la situation peut se maintenir ou empirer quelque peu, mais il n’y aura pas d’aggravation CATASTROPHIQUE (c’est à dire l’équivalent ou pire que Tchernobyl).

Vous remarquerez que ce ne sont que des hypothèses, ni moi ni personne n’est devin et nul ne peut donc prévoir l’avenir. On peut regarder et décortiquer autant de graphiques que l’on veut, cela ne changera rien: ce qui doit arriver arrivera de toute manière.

2. Repérer un secteur et une société présentant un potentiel intéressant

Je suis avec attention le secteur de l’énergie. En ce moment, l’un d’entre est eux est attaqué, il s’agit du nucléaire, en raison des craintes liées à la centrale de Fukushima.

Pourtant, ce secteur est nécessairement un secteur d’avenir (je ne donne pas à ce sujet mon avis politique sur le nucléaire, en passant je pense qu’il faudrait en sortir au plus vite, mais mon avis en tant qu’investisseur):

– il n’y a pas, actuellement, de réelle alternative à l’énergie nucléaire (faible coût de production, combustible disponible), et cela le restera encore pendant un certain temps même si des GROS efforts pour développer les énergies alternatives étaient faits à l’échelle mondiale (et ça, malheureusement, c’est loin d’être sûr).

– de nombreuses constructions sont planifiées en Asie (64 centrales en Chine, même si leur construction est aujourd’hui suspendue, je ne vois pas comment les chinois pourraient faire autrement que de les construire tout de même dans l’avenir)

Bref, à moins d’une énorme catastrophe au Japon qui montrerait clairement à l’Humanité les dangers de cette énergie, je pense qu’on va continuer à faire “comme si de rien n’était” (alors qu’il y a une catastrophe nucléaire par décennie, ce qui me parait beaucoup pour une technologie soit disant maîtrisée à risque “quasiment” nul). Et encore, même si une telle catastrophe se produisait, il faudrait malgré tout du temps pour trouver d’autres solutions et surtout les appliquer à l’échelle mondiale !

Un autre facteur est la possibilité de spéculation pure et simple. Si les grosses mains se mettent à acheter des valeurs liées à l’uranium, il peut y avoir une flambée spéculative comme en 2007 qui entraînera forcément toutes les valeurs minières du secteur. Vous trouverez davantage de graphique sur l’U3O8 (le minerai d’uranium de référence) sur le site http://www.uxc.com/

Donc, le secteur du nucléaire a encore de nombreuses années devant lui.

Je vous conseille d’ailleurs la lecture de l’excellent article d’Olivier Crottaz à ce sujet ici : http://blog.crottaz-finance.ch/?p=7222

Bref, il s’agit donc de rechercher une société qui présente un bon potentiel dans un secteur qui lui même possède un bon potentiel.

En ce qui me concerne, je trouve que Laramide Ressources Ltd, une société canadienne prospectant les minerais d’uranium, essentiellement aux États-Unis et en Australie, semble posséder ce potentiel tant recherché.

Il s’agit d’une société d’exploitation minière, qui:

Рposs̬de des gisements et donc du minerai (= a une valeur tangible)

– possède des terrains ayant des gisements à exploiter ainsi que des parts dans d’autres minières prometteuses ( = une valeur potentielle plus élevée)

n’a pas de dette

n’est pas chère . Ell a une capitalisation boursière inférieure actuellement (au 30/04/2011, au cours de 1,17 $ CAD) à sa valeur réelle (estimation à 1,23 $ CAD ici : http://markets.ft.com/tearsheets/financialsSummary.asp?s=LAM:TOR )

Si vous voulez davantage de détails, n’hésitez pas à lire la très intéressante séries d’articles sur Laramide, toujours chez Olivier Crottaz : http://blog.crottaz-finance.ch/?p=3982

Ce sont d’ailleurs ces articles qui m’ont fait (re)découvrir cette société (et accessoirement empocher une belle plus-value en 2010 !).

Remarquez que, comme je vous l’ai déjà dis, il ne FAUT JAMAIS prendre pour argent comptant les bonnes idées des autres que l’on trouve dans la presse ou sur internet. Par contre, rien n’interdit de vérifier si ces “bonnes idées” en sont réellement par rapport à SES PROPRES CRITÈRES.

3. Rechercher un rendement gain/risque intéressant

Lorsqu’on regarde le graphique mensuel de Laramide, on voit clairement, que le titre présente un potentiel intéressant sur du court terme, mais aussi du long terme.

Le premier objectif se situe sur 2,50 $ CAD (dans la zone de la moyenne mobile 50 mois). Il est probable que cette moyenne mobile soit à nouveau testée dans les mois à venir. Rappelons que la chute récente n’est pas due à la société, dont les cours progressaient depuis fin 2010, mais aux spéculations liées à la catastrophe de Fukushima.

Le second objectif est aux alentours de 5 $ CAD. Il correspond au niveau des cours avant la crise de 2008.

Le troisième objectif, à long terme, est sur 10 $ CAD. Il correspond à la fois à un niveau psychologique important et à un niveau tout à fait raisonnable de retracement depuis les plus hauts à plus de 16 $ CAD début 2007, quand le prix de l’uranium s’envolait (et il est tout à fait possible qu’ils s’envolent à nouveau…)

Si on prend un prix d’achat de 1,15 $ CAD, on obtient tout de même des gains potentiels de +117% pour l’objectif 1, +335% pour l’objectif 2 et 770% pour l’objectif 3.

Cela signifie que même si on perd TOUT (à savoir la société fait faillite), on reste dans un rapport gain/risque intéressant.

On peut aussi mettre un stop loss sous les plus bas de la crise de 2008, vers 0,50 $ CAD par exemple, ce qui améliore encore ce rapport, puisqu’on aura perdu dans ce cas “que” 56%.

Vous voyez que je n’hésite pas à placer des ordres d’achat sans stop de protection à condition que:

– je pense réellement que sur du long terme il y a une forte plus-value à faire !

– malgré une perte totale de l’investissement initial, le rapport gain/risque reste intéressant (c’est à dire voisin de 2).

– l’investissement dans une valeur donnée respecte mon money management global et ne représente qu’une faible part de mon capital total. Il ne s’agit pas de risquer la moitié de son capital en se disant que c’est pas très grave, car le ratio gain/risque est bon ! Cela n’empêchera pas de perdre gros si on se trompe !

4. Obtenir une confirmation de l’analyse technique

Lorsque l’on observe le graphique hebdomadaire, on constate que:

– La zone proche de 1 $CAD est intéressante à l’achat (en vert sur le graphique) car elle correspond à l’ancienne ligne de tendance baissière récente qui a été brisée en septembre 2010. Cette ligne de résistance peut servir de support et les prix pourraient rebondir dessus.

– La zone entre 1 $ et 0.75 $CAD constitue une zone de résistance horizontale datant des plus bas de puis la crise de 2008. Il n’y a aucune raison qu’elle soit enfoncée, à moins d’une nouvelle crise globale (ou d’une détérioration catastrophique de la centrale de Fukushima)

РLe RSI(14) est proche de la zone de survente de m̻me que les stochastiques. Ce ne sont que des indicateurs, mais ils donnent cependant des signaux int̩ressants.

Le graphique quotidien fait apparaître encore plus clairement l’incidence de la catastrophe nucléaire au Japon. On voit nettement deux gaps sous la ligne de tendance haussière datant de juillet 2010. Le RSI et les stochastiques donnent des signaux d’achat.

La cible de 2 $CAD, c’est à dire dans le second gap, parait intéressante à moyen moyen terme.

5. Je fixe clairement les conditions de mon trade

Après avoir franchi les 4 étapes décisionnelles pour choisir un titre, je place un ordre limite d’achat sur 1.01$. Si je constate qu’en données quotidiennes, les cours semblent stagner au-dessus de ce prix (par exemple dans la région 1.10$), j’entre près des plus bas récents, à condition que le prix d’achat ne dépasse pas 1.15$. Je fixe comme objectifs les objectifs 1 et 2, chacun en sortant la moitié de ma position. Si l’objectif 1 est touché, je place un stop légèrement au-dessus du prix d’entrée.

Si le prix chute vers 0.75$, je reprend une position et je sors en trois temps sur les objectifs 1,2 et 3. Je place un stop au prix d’entrée sur atteinte de l’objectif 1 et au niveau de cet objectif en cas d’atteinte de l’objectif 2.

Si le prix descend sous les plus bas de 2008, j’ai deux solutions: soit je sors sur perte vers 0,50 $ si j’estime à ce moment là que le titre a perdu son potentiel de long terme (en raison d’événements futurs imprévisibles), soit que la faiblesse du prix n’est que dues aux conditions du marché mais que le titre conserve son intérêt et que je le conserve donc en porte-feuille.

En ce qui me concerne, je risque 10% de mon porte-feuille sur ce trade. Cela peut paraître beaucoup, mais je suis un fervent adepte de Warren Buffet et de la concentration de porte-feuille, et accessoirement je suis cash à 67% actuellement… Cela veut dire qu’au pire du pire (la société fait faillite), je perd 10%, ce qui est à la fois beaucoup mais pas tant que ça en fait, mais par contre je peux gagner plus de 20% voit plus en ne risquant que 10, donc avec un ratio gain/risque > 2.

Le fait d’être clair avec soi-même par rapport à ses objectifs et le risque accepté permet d’éviter une part de la pression psychologique lorsqu’un trade part dans le mauvais sens.

J’accepterai ici une perte latente de plus de 50% (sur les 10% investis) éventuellement sur des années, ce qui n’est pas acceptable pour tous les investisseurs, mais au risque de me répéter, il FAUT SE CONNAÃŽTRE SOI-MÊME AVANT DE VOULOIR VAINCRE LES AUTRES !

CONCLUSION

J’espère que vous avez compris que mon but à travers cet article n’était pas de vous conseiller l’achat de telle ou telle société, mais bien de vous présenter une méthodologie simple de prise de décision.

Bons investissements !

2 Commentaires

1 ping

  1. Ca me fait plaisir qu’un investisseur aguerri comme Olivier Crottaz trouve mon article intéressant. Et puis j’avoue qu’une petite pointe d’audiance entrante sur mon jeune blog lui fera du bien également :o) Bon, en dehors de tout ça, je suis tout de même curieux de voir si mon ordre limite sera touché prochainement.. Et encore plus curieux de voir le comportement du titre par la suite :o)

  2. Nous arrivons dans une zone intéressante: celle des 0.75-0.80 $…
    Il est clair que l’hypothèse de départ “pas de crise majeure” n’est sans doute plus valable… Ceci dit, cela ne change en rien mon analyse ni l’intérêt et le potentiel de Laramide Ressources…

    Le rapport de septembre est ici: http://www.laramide.com/images/pdf/presentations/LAMWeb_Sept2011.pdf

    La société présente toujours un gros potentiel sur les années qui viennent, notamment par rapport à l’évolution politique en Australie qui pourrait propulser les cours à des gains de plusieurs centaines de pourcents.

  1. […] Et comme j’aime l’adage: « Achetez au son du canon et vendre au son du clairon », voici un beau coup de canon (je suis cité, mais ce n’est pas pour cela que l’article est intéressant). https://www.investisseur-particulier.fr/acheter-au-son-du-canon-prise-de-decision-dinvestissement-dan… […]

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.