Gérer l’over-trading & quelques conseils pour les investisseurs particuliers

“Les tricheurs” de Michelangelo Merisi da Caravaggio

Ce terme désigne la tendance naturelle de vouloir passer des ordres de trading, en nombre excessif, pour :

  • ne pas avoir l’impression de perdre son temps (et de l’argent) devant une plateforme de trading
  • exploser sa performance (quotidienne, ou hebdomadaire)
  • contenter son système dopaminique et de dépendance

Le problème avec ce phénomène est qu’il touche tout le monde, débutant, confirmés, professionnels. En effet, il se base sur le comportement humain et les neurosciences.

Il est très difficile pour un humain de prendre une décision de ne rien faire (je ne parle pas de la procrastination qui consiste tout de même à “faire” des choses comme rester devant un jeux ou Netflix…)

Lors du confinement entre avril/mai, j’ai pris du temps pour tester un système de trading “adaptatif”. J’avais pris la précaution de prendre un petit compte de quelques milliers d’euros, pour tout de même ressentir la réalité. Perdre cent euros est embêtant psychologiquement, même s’il faut relativiser son importance dans la vie.

Beaucoup d’apprentis traders perdent bien plus, y compris et SURTOUT des personnes qui ont des illusions sur la facilité du trading et pour qui, 100 euros représente une part non négligeable de leurs ressources mensuelles.

A part pour tester une plateforme, je n’aime pas les comptes virtuels car ils donnent de très mauvaises habitudes psychologiques. J’avais compris ça dès le départ. Il faut rester en “démo” quelques mois pour apprendre l’utilisation de la plateforme, mais rien ne vaut un compte réel, même avec des petites sommes.

Perdre dix euros m’embête, même si je peux me le permettre sans remarquer la différence à la fin du mois, je me dis que cela représente un ou deux verres dans un bar (enfin, quand ils seront à nouveau ouverts!) ou une belle pâtisserie avec un café. Ce n’est rien, mais je préfère donner un petit billet à une personne en difficulté que de le voir perdre dans les méandres du Marché. Bref, j’utilise des comptes réels pour tous mes tests, pour avoir le “real feel”.

J’ai donc testé à la fois Telegram, en essayant de faire un “live report”.

J’ai arrêté l’expérience avec le confinement et j’en ai conclu des choses importantes pour moi:

  • Je ne suis vraiment pas à l’aise sur du daytrading.
  • Un système multi-système est très dangereux, car le choix entre la stratégie à utiliser est très complexe, donc hasardeux
  • Il me faut (en fonction de ma psychologie personnelle), un compte “loisir” pour relâcher la pression de mon swing trading et de mes investissements à long terme
  • Je retombe dans les travers classiques dès lors que je suis sur des petites échelles de temps (overtrading, stop loss remontés trop tôt).

1. Le day trading

Ouvrir des positions pendant quelques minutes ou quelques heures demande une grande concentration et une auto-discipline digne d’un sociopathe.

Autrement dit, il faut avoir un cerveau particulier pour faire cela. Dans les banques, les traders pros ont du personnel dédié juste pour les empêcher de continuer trader en excès.

Seul chez soi, il est quasiment impossible de s’auto-discipliner à ce point. Le trading est un travail d’équipe et il est très difficile de trouver la bonne équipe.

Je ne crois pas à un day trading gagnant sur le long terme.

Personnellement, il m’arrive d’en faire sur certaines journées, mais ce n’est que pour relâcher la pression par une autre forme de stress. Le tout avec un budget alloué. On peut faire le parallèle avec le casino.

Le petit moment marquant de ce 20 avril 2020…

2. Les systèmes multi-stratégies

Depuis mes débuts, j’ai toujours apprécier la diversification, y compris dans les stratégies d’investissement.

C’est un point qui peut se discuter. Je ne rentrerai pas dans un débat philosophique s’il faut ou non diversifier pour avoir un rendement maximum ou s’il faut le faire pour limiter le risque. J’ai l’intime conviction que la limitation du risque est plus importante que la recherche du gain, sur le très long terme (= ma vie, enfin je l’espère en tout cas).

Ce qui est sûr, c’est que se disperser est dangereux.

J’ai tenté d’élaborer un système basé sur plusieurs stratégies, en fonction des situations de marché.

Pour faire simple, lorsqu’un actif est en tendance, certaines stratégies fonctionnent mieux que s’il est en consolidation. S’il y a une grosse volatilité, les meilleures stratégies ne sont pas les même qu’en son absence.

J’ai donc essayer de choisir plusieurs stratégies qui fonctionnent (ou ont bien fonctionnées pour moi) et de les utiliser en faisant un point hebdomadaire.

Les résultats ont été variables, et globalement mauvais.

La seule chose qui a sauvé le bilan de mon compte, c’est d’avoir utilisé une bonne vieille stratégie de swing trading en parallèle, qui s’est révélée gagnante et qui est venu éponger les pertes. Mais c’est clairement le signe que ma “méta-stratégie” était mauvaise, puisque j’utilisais ma stratégie “principale” sur un compte secondaire de test, pour me couvrir.

J’ai donc eu confirmation que:

  • il faut utiliser une seule stratégie à la fois
  • pour limiter les risques, et se diversifier, on peut utiliser des stratégies différentes sur différents comptes/supports/unités de temps, mais il faut clairement rester dans une même logique pour un même produit (par exemple, je n’utilise pas la même logique pour l’or, le Forex ou mon PEA !) L’erreur est de changer de stratégie pour un même support.
  • les meilleures stratégies sont celles que l’on connait depuis des années, ce qui permet de mieux “ressentir” les situations, qui se répètent selon certains schémas.

3. La gestion de sa psychologie grâce à des “comptes loisirs”

Sans aller jusqu’à généraliser à tous, car par définition, chacun a sa propre psychologie, il me semble très salvateur de trouver un moyen pour relâcher ses mauvais instincts. Ceci est valable dans tous les domaines. Par exemple, pratiquer des sports de combats peut aider à réguler l’agressivité, élément naturel de la nature humaine. Regarder des vidéos stupides sur tiktoks peut permettre de relâcher la pression d’une journée passée à réfléchir intensément, etc.

De même, en ce qui me concerne, j’ai besoin:

  • de prendre du recul (grâce à ce blog par exemple)
  • de tenter des paris en mode “casino” (cela ne veut pas dire au hasard sans stratégie…). Disons que cela remplace le tiercé ou le loto, avec un peu plus de réflexion, et sans doute aussi plus de rentabilité.
  • chercher des nouvelles stratégies, comme s’il s’agissait d’énigmes à résoudre

J’ai donc régulièrement un petit compte pour tester des choses. Cela me prend en moyenne une fois tous les ans. En attendant, je continue selon mes méthodes habituelles sur actions et Forex.

Il faut par contre garder des règles strictes sur ce type de “trading”: pas plus de 5% du total, en le considérant comme une possibilité de bonus !

Cela veut aussi dire qu’un débutant ne doit risquer que 5% (de ses liquidités épargnées) sur son premier compte, qui sera pour lui un “compte-loisir” tant qu’il n’aura pas survécu à quelques troubles des marchés et ainsi peaufiné sa formation.

Bilan (personnel):

Mon expérience m’a permis de finir positif sur le compte, mais l’énergie dépensée n’a pas été rentabilisée, si ce n’est dans ma construction psychologique.

J’ai voulu savoir si, avec du temps et de l’expérience, je pouvais être plus rentable en me consacrant davantage au (day) trading. Je sais maintenant que je ne suis pas fait pour du day trading. Je ne m’éclate que dans des swings de plusieurs semaines/mois et bien sûr dans l’investissement à long terme.

Il ne faut jamais tricher avec soi-même !

Le confinement d’avril/mai m’a donné l’occasion également de comprendre que je ne suis pas un addict aux réseaux sociaux. Je les suis avec un certain intérêt cependant.

Je vais garder mon compte Telegram, mais seulement comme “bloc-note” personnel sur certaines configurations. Je continue mon journal de trading personnel (sur OneNote, lié à Excel) que je tiens depuis des années et qui ne regarde que moi (et aussi un peu ma déclaration d’impôts).

Certes, chacun est différent, mais il me semble que cette conclusion devrait pouvoir inspirer et s’adapter à beaucoup d’investisseurs particuliers.

N’oubliez pas que vous êtes seuls responsables de vos investissements, et que les courtiers veulent surtout que vous leur donniez des commissions ! Ne croyez surtout pas que le trading est facile ! J’ai commencé activement vers 2008, et plus passivement depuis 2001 (en voyant donc 2 krachs en direct, qui au final, m’ont été très favorables). Les investisseurs qui ne connaissent que la Bourse depuis 2010 croient forcément que tout est facile, surtout avec l’explosion d’internet qui rend les choses accessibles (ce qui ne veut pas dire facile).

J’espère que certains débutants tomberont sur cet article et comprendront son message réel…

Bons investissements !

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