Acheter des actions à contre-courant – les valeurs liées au pétrole, à l’or (et à la Russie…)

baril-petrole

Si vous me suivez régulièrement, vous savez que la partie boursière de mon portefeuille est très inspirée par l’investissement valeur. Cela ne m’empêche en rien de regarder les graphiques, et il y en a quelques uns qui m’interpellent en ce moment.

Par exemple, celui du pétrole:

(Crude Us, cliquez sur le graphique pour l’agrandir et le voir en entier)

crude-weekly-8 décembrei 2014

L’investissement valeur consiste à acheter quand il y a un écart entre la valorisation boursière et la valeur réelle (estimée) d’une entreprise.

La difficulté de ce type de stratégie est évidemment la capacité de définir avec justesse ce que vaut “réellement” une entreprise. On peut évidemment lire et relire les publications comptables des entreprises, se projeter sur l’avenir…

Il y a mille méthodes de valorisation et je ne vais pas vous résumer ici ce qui tiendrait en plusieurs ouvrages…

Pour simplifier, je regarde plusieurs critères:

– est-ce que l’action est proche de ses plus bas de l’année, sur les cinq dernières années, davantage ?

– est-ce que l’entreprise connaît des difficultés passagères en raison de problèmes internes (mauvais choix stratégiques, dettes excessives, problèmes techniques majeurs…) ou sectoriels (prix d’une matière première de base pour l’entreprise trop élevé ou trop bas selon sa fonction, risques systémiques dans un secteur, changements majeurs de régulations…) ?

Si l’entreprise est à ses plus bas et SI elle connait des difficultés sectorielles que j’estime passagère OU internes qui ont des bonnes chances de se solutionner dans le futur, alors je procède à une analyse plus approfondie.

En ce moment, on peut constater deux choses assez facilement: les deux gros secteurs aux plus bas sont l’or/l’argent et en général les matières premières et notamment le pétrole, et tout ce qui touche à la Russie (ce qui est encore amplifié par sa dépendance au prix du pétrole).

Je ne vais pas aller dans les analyses géopolitiques qui cherchent à savoir pourquoi cette situation se présente. Par exemple, il y a de nombreuses théories disant que l’OPEP et notamment l’Arabie Saoudite, alliée historiques des USA, gardent les prix du pétroles artificiellement bas pour faire plier la Russie dont l’économie prend une sévère claque actuellement… A chacun son explication, ce qui m’intéresse c’est de savoir si la situation peut durer.

En ce qui me concerne, j’ai vraiment du mal à imaginer un monde où une ressource rare comme le pétrole va rester durablement bas alors qu’on sait que les pays émergents augmentent (et augmenteront) grandement leur consommation.

Je ne peux donc qu’y voir une baisse artificielle et donc par principe transitoire.

Autrement dit, le secteur pétrolier et les sociétés russes sont nécessairement décotées actuellement. Attention cependant, il ne faut pas confondre décotées et réellement amoindri. En effet, concrètement, une banque russe, avec un accès coupé aux financements en dollars, un rouble qui s’écroule et un marché intérieur qui peine grandement, vaut effectivement moins qu’il y a un an par exemple. La question ici est de savoir si la situation va se normaliser et les cours remonter violemment en conséquence, avant que les dégâts soient irréversibles (faillites…).

En ce qui concerne le secteur pétrolier (et également les minières de métaux précieux), les prix actuels des matières premières concernées sont dangereusement en-dessous du coût de production, ou du moins de certains coûts de production (le forage en eaux profondes par exemple, ou les pétroles de schistes coûtent bien plus que les  65$ le baril que m’indique mes plateformes de trading à l’heure où j’écris ces lignes. Cela a pour conséquence:

Рtout le secteur p̩trolier est d̩cot̩

– les entreprises spécialisées dans les forages difficiles et coûteux sont encore beaucoup plus dévalorisées.

Par exemple, si on compare les graphiques de Total (FP, qui ne fait pas que vendre du pétrole) et Transocean (RIG, qui fore en deep sea), on voit bien que les deux subissent les conséquences de la baisse des prix du pétrole depuis cet été, mais pas avec la même force (logique…). Évidemment, il y a aussi le fait que la capitalisation boursière de la première dépasse les 100 milliards alors que la deuxième tourne vers seulement 6 qui joue…

D’une manière plus générale, le bêta des entreprises plus modestes est plus élevé, autrement dit, il y a plus à perdre à la baisse, mais aussi plus à gagner à la hausse…

Total_RIG_7-12-2014

Comme nous l’avons vu, les pays fortement dépendant de la production de pétrole voient également leur devises chuter. Par exemple, si on prend la couronne norvégienne (NOK, dont le pays est peu endetté, mais qui dépend en parti du pétrole) et le rouble russe (RUB, dont les entrées dépendent en grande partie du prix du pétrole), on voit que dans les deux cas, il y une baisse par rapport à l’euro (donc, sur le graphique, l’euro monte par rapport à ces deux devises) et que la situation est très prononcée pour le rouble qui a perdu la moitié de sa valeur en un an.

eur-nok et eur rub

En s’inspirant de ces deux graphiques, on peut donc logiquement déduire que d’acheter une société de qualité russe ou norvégienne peut être une bonne idée en ce moment.

Évidemment, investir en Russie en ce moment peut être un pari… Mais pour les plus timorés, on peut tout de même se demander si des entreprises solides comme le norvégien Statoil ne présente pas une fenêtre d’achat intéressante en ce moment, avec une couronne norvégienne en baisse et un secteur pétrolier dévalorisé…

(Statoil, en couronnes norvégiennes)

statoil NOK_8-12-2014

Quand on regarde les cours exprimés en euros, c’est encore plus intéressant…

(Statoil, en euros)

statoil EUR_8-12-2014

Je n’ai pris Statoil qu’en exemple (même si j’en ai acheté un peu très récemment…), il convient de faire un véritable exercice de valorisation, de définir des points d’entrée, de sortie, un risque, etc. Bref, d’établir un véritable plan d’investissement.

Notez que le même raisonnement est valable pour l’or (et donc les minières), même si la baisse a commencé en 2011.

D’où l’intérêt d’utiliser l’investissement progressif, car on ne peut jamais savoir ce qui va se passer. Je suis personnellement entré sur des minières depuis 2013, (voir https://www.investisseur-particulier.fr/un-exemple-dinvestissement-dans-lor-barrick-gold ) trop tôt donc, mais mon plan d’investissement tient toujours, et je compte me renforcer sur d’autres valeurs liées à l’or prochainement.

(Or, en données mensuelles, cliquez sur le graphique pour l’agrandir et le voir en entier)

gold-monthly-decembre 2014

En conclusion, il convient peut être de s’intéresser aux valeurs liés au pétrole, à l’or (et éventuellement à la Russie) en ce moment, avec bien évidemment, une stratégie progressive, une bonne maîtrise des risques, de ses objectifs, de ses limites de perte et de la nature réelle de ce que l’on achète..

 

REMARQUE IMPORTANTE:

J’ai pris les exemples de cet article à titre purement pédagogique, ils ne constituent en rien un conseil d’investissement. Chacun est libre de faire ses propres choix en matière d’investissements !

18 Commentaires

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  1. Bonjour!

    excellent article, soit dit en passant.

    Personnellement, je partage totalement votre opinion au sujet d’aller à contre-courant. Faire le contraire de la meute s’avèrera souvent très payant à long terme.

    Par contre, les secteurs cycliques mentionnés dans votre article, ne m’interpellent guère. Je les trouve beaucoup trop dépendants des cycles économiques. Je préfère m’en tenir aux secteurs de l’économie qui peuvent croître indépendamment des cycles économiques.

    Martin

    1. Bonjour Martin,

      Je suis tout à fait d’accord, mais l’effet de cycle peut amplifier les gains à long terme. Évidemment, bien malin celui qui peut prévoir ces cycles… Ce genre de valeurs primaires, liés aux matières premières doivent être achetées avec précaution et mesure. Mais, autant que ce soit après une chute que vers les sommets ;o)

      1. Effectivement, à voir la débarque que prend le pétrole ces temps-ci, il s’agit sûrement d’un bon point d’entrée pour un investisseur long terme.

        Martin

  2. Bonjour,

    Je suis 100 % d’accord avec toi.

    Je suis absolument d’accord sur le fait qu’il faut s’intéresser aux actifs délaissés : Or, Pétrole.

    Pour ma part, je suis même passé acheteur sur EUR/USD. (depuis 1,23)

    Bonne journée à toi,

    Stéphane

  3. bonsoir,

    intéressant, statoil me semble en effet intéressante pour un investissement en PEA (éligible) mais hors zone euro.
    je suppose que la cotation principale est en couronne norvégienne donc c’est également un placement en couronne norvegienne quelque part?

    cordialement.

    1. Oui. L’action est cotée en NOK, donc cela revient également à parier sur l’évolution EUR/NOK. Comme la Norvège est dépendante de son pétrole, la couronne est faible quand le pétrole est bas comme en ce moment. Cela revient aussi à amplifier les fluctuations du prix de l’action.
      En ce moment, l’euro est plutôt fort face à la couronne, donc on achète des actions déjà peu chères encore moins chères en euro. Si le pétrole remonte, les actions vont remonter et la couronne également…

    • blanquart sur 14 janvier 2015 à 9 h 07 min
    • Répondre

    bonjour à tous, excellente analyse en effet que je découvre en tapant en moteur de recherche ” valeurs liées au pétrole”.
    Au sujet de l’investissement en Russie je voudrais signaler à tous les lecteurs le danger totalement méconnu qui plane sur les SICAV !
    J’avais consacré une partie importante de mon portefeuille aux SICAV en pensant ainsi être à l’abri de déconvenues avec une valeur qu’on croyait performante et qui s’écroule pour X raisons. Erreur ! cette année et pour la première fois en 20 ans de Bourse j’ai eu 2 SICAV qui ont FERME sans aucun préavis ni explication et je suis indemnisé avec des figues !
    Et ce ne sont pourtant pas des moindres – je faisais attention à prendre des grandes capitalisations – puisqu’il s’agit de State Street Europe Emergente – et d’Invesco Taiga (essentiellement investie sur la Russie) où je perds à chaque fois environ 30% de mon investissement….
    il faut que cela soit su par le + grand nombre.
    cordialement à tous

    1. Bonjour,

      Et bien, remercions les moteurs de recherche qui font leur travail et qui me font gagner un lecteur, qui de plus participe en commentant !

      Ce que vous dites sur les SICAV m’a fait abandonner totalement ce type de produits. Je ne m’en servais d’ailleurs plus qu’à quelque pourcent en tant que réserve de cash, sur des produits très stables, plus qu’autre chose.
      A partir du moment où un gestionnaire décide de l’avenir d’un produit que vous avez acheté, vous n’avez plus aucun contrôle. Évidemment, dans le cas du marché russe, je pense que les gestionnaires ont préféré clôturer plutôt que de risquer de perdre plus, et ce n’était pas forcément une mauvaise décision de leur part.
      Cependant, si vous aviez eu un portefeuille avec des actions russes, vous auriez pu faire un autre choix. Par exemple, vendre une moitié des actions russes de certaines société par exemple, ou toute autre décision qui vous aurait été PERSONNELLE et non IMPOSEE.
      Voilà une des raisons pour lesquelles je n’investi qu’en actions directement, à la rigueur en gros trackers (mais le problème est le même pour les marchés émergents) à titre très complémentaire.
      Et une fois encore, une saine diversification permet de limiter ce genre de déconvenues, qui n’en restent pas moins pénibles à vivre.

      Bon courage, en espérant que vous n’aviez pas investi une part trop importante de vos avoirs dans ces deux produits et merci pour avoir partagé votre expérience.
      Et vous avez raison, cela ne se sait pas assez. Il faudrait que je pense à rédiger un article sur le sujet d’ailleurs..

      Ceci dit, les marchés émergents comportent bien plus de risques qu’on veut bien le faire croire (oui, car on veut vous VENDRE des SICAV, car les gérants des sicav concernées ont tout de même empochés leurs frais de gestion en attendant, pendant que vous perdez 30%!)

    • Daniel sur 10 février 2015 à 10 h 16 min
    • Répondre

    Est-il facile d’acheter des actions sur la bourse d’Oslo ? Ma banque (ING) ne le fait pas.

    Je m’intéresse particulièrement à la sté Fred. Olsen.

    1. Les places scandinaves sont plus rarement proposées par les courtiers. Je sais que Degiro les traite, et j’imagine que Saxo également par exemple…

  4. bon le pétrole c’était un peu tôt nos achats mais maintenant ça devient interessant, je cherche le code isin pour statoil éligible pea en nok svp.

    pour les parapétroliéres idem un carnage boursier sur vk-cgg, ca parait cadeau à ce prix en tout cas.

    les compagnies aériennes type luftansa et air france devrait profiter de la baisse du brut, ce n’est pas le cas actuellement, à suivre

    1. Ah trouver le bon timing.. Mission impossible. Par contre, on peut éviter le mauvais timing en n’achetant pas au plus haut.
      D’où l’intérêt d’avoir un plan de trading, avec plusieurs points d’entrée pour lisser le prix.
      Pour l’exemple de Statoil, elle est descendue un peu plus bas qu’en décembre. Ce qui n’empêche que le début d’année était un bon point d’entrée, puisqu’on ne peut pas prévoir l’avenir.
      Il faut cependant rester prudent… Les soubresauts actuels ne sont peut être pas terminés…

      N’achetez que si vous avez un plan de trading clair et être prêt à voir des -50% sur votre compte.

      PS: je l’ai sous la main, mais une simple recherche google peut également vous donner l’information ! => ISIN: NO0010096985

  5. oui ça remonte fort mais effectivement méfiance, idéal revendre les derniers achats de début de semaine pour pouvoir reprendre plus bas si besoin.

    -50% je peux j’ai commencé vk à 32 et cgg à 11, pru 14 sur vk et positif sur cgg donc ça va. tout est question de montant, -50% sur 10000e ca va sur 100000 ou 500000e ça commence à piquer…

    le code isin est générique de statoil. boursedirect me dit cotation à oslo mais visiblement on peut l’acheter sur le lse avec le code suivant?

    NO0010096985 0M2Z

    merci grand maître.

    1. Je suis le grand maître de personne (même si je sentais une pointe d’humour), simplement un particulier qui pratique l’investissement/trading depuis un bout de temps. Si vous saviez ce que je pense des “gourous”.. Enfin, vous le savez sans doute vu que vous avez lu mes articles !

      Statoil est côté sur 18 places boursières. L’une d’entre elle est le LSE. Les volumes sont moindres mais restent élevés.
      Pour voir la liste, il suffit de cliquer sur la petite flèche à côté du code ici par exemple:
      http://markets.ft.com/research/Markets/Tearsheets/Summary?s=STL:OSL

      Si votre courtier ne vous propose que le LSE, ça devrait faire l’affaire, tant que vous évitez les bourses à faibles volumes, cela ne change pas grand chose même si c’est souvent plus simple et préférable d’acheter sur la place d’origine.

  6. merci c’est clair, c’était juste amical évidemment “grand maître”.

    par moment je me demande si il ne serait pas plus efficace de trader juste quelques jours par an sur des décrochages d’indice ou d’actions comme cette semaine sur des secteurs que l’on maîtrise niveau fondamental.
    l’inconvénient du pea c’est que l’on ne peut pas se protéger de la baisse et c’est problématique.

    1. Finalement, j’ai répondu ici: https://www.investisseur-particulier.fr/faut-il-acheter-des-actions-lors-des-phases-de-correction-des-marches

      Pour la “protection” contre la baisse, le mieux est de vendre avant.
      Très franchement, à part un tracker short comme par exemple le BX4 (éligible PEA), je ne vois pas d’autres solutions que d’être le plus liquide possible/d’avoir pris ses bénéfices “à temps”.
      Le BX4 (et consorts) n’offre un intérêt que si on ne le garde pas longtemps en portefeuille. Ce qui revient à dire qu’il faut “prévoir” la baisse, sinon sa valeur s’érode au fil du temps.

      On peut prendre le problème à l’envers et se dire que comme il y a une baisse, les valeurs en portefeuille, de qualité, méritent un renforcement.

  7. oui pas de solution j’en suis arrivé à cette conclusion.

    a part un compte titre à coté avec des warrants (en achetant des échéances à 3mois complètement en dehors de la monnaie avec logiquement une perte totale si le marché ne chute pas) ou des cfd?

    le problème reste toujours de savoir à quel niveau de chute on vend, stratégie avec plusieurs points de vente toujours comme à l’achat.

  8. Pour rebondir sur cette file, investir à contre-courant sur les valeurs pétrole était une excellente opportunité, pour l’or je ne pense pas.

    Pour couvrir un portefeuille, les options c’est excellent. On trouve des stratégies efficaces sur différents sites, pour ma part l’achat de put hors monnaie associé à l’achat de put -5% payé par la vente d’un call à +5% c’est pas mal.

  1. […] pétrole est un peu mon pari de l’année 2015. La part de mon portefeuille actions s’élève à environ 16% de valeurs (para)pétrolières. […]

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